25 juillet 2017
MARDI POÉSIE - l'été -
L'été
La mousse
Épaisse
Et douce,
Au pied d’un arbre énorme…
Était-ce
Un chêne ? Était-ce un orme ?
Je l’ignore – et tant pis !
La mousse
Épaisse
Et douce
À mes reins offrait un tapis.
Et, pendant une heure et demie,
Parmi
Tant de petits amis,
Papillons, mouches et fourmis,
Sous ma tête ayant mis
Mon bras un peu plié,
Au pied de l’arbre, j’ai dormi.
(C’était peut-être un peuplier.)
Aucune feuille ne bougeait,
Parmi celles qui m’ombrageaient.
Au-dessus de moi ramageaient
De petits geais.
Était-ce un nid qu’ils ravageaient
Et partageaient ?
Sans doute, car sur moi neigeaient
Des plumes que l’on dérangeait…
Et je songeais…
Et je m’interrogeais :
Il est facile, en vérité,
D’évoquer le printemps, l’hiver
Et puis l’automne en quelques vers…
Mais, comment évoquer l’été ?
Pour l’hiver n’ai-je
Point la neige ?
Surface ou bien linceul poli
Thème inépuisable et joli – ?
Pour le printemps, c’est autre chose :
J’ai l’Amour, le lilas, le renouveau, la rose…
Et, pour l’automne, j’ai la mort,
Et la tristesse et le remords…
Et j’ai la tombe…
Et j’ai la feuille aussi qui tombe…
Oui, mais – l’été ?
Oui, comment évoquer l’été ?
Vite, il faut mettre de côté
La chaleur et le ciel d’argent,
Et l’immobilité
Des choses et des gens.
Cela n’évoque pas l’été.
Mais alors, qu’est-ce ? En vérité,
C’est moins que peu de chose et ce n’est presque rien,
C’est minuscule, aérien,
C’est, dans l’espace,
Le petit sifflement d’un moustique qui passe !
Sacha Guitry (1885-1957)
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