POESIE vendanges
A la gloire du Beaujolais nouveau
Les fruits mûrs tomberont coupés d'un geste agile
Dans les jarlots de bois bien propres au terroir
Les grains s'écraseront sous le choc du pressoir
Et le sang jaillira dans les cuves d'argile
Le jus fermentant dans l'ombre du tonneau
Dans son déchaînement bouillonnera de rage
Dansera, bondira, mènera grand tapage
Forgeant dans ses clameurs,
l'âme du vin nouveau
Il a tous les reflets d'une naissante aurore
Le discret velouté des trèfles incarnats
Le rire du soleil l'irise de grenats
Quand dans le verre il roule en un glouglou sonore.
Il est toute allégresse, il est toute fraîcheur
La pivoine, l'iris, et la rose mourante
La pêche, l'abricot, la groseille odorante
Se fondent pour créer sa typique saveur.
Il se rit des flacons habillés de poussière
Des sommeils prolongés dans la nuit d'un caveau
C'est un vin jeune et franc, gardant, tel un joyau
La sève des sarments et les sucs de la terre.
R. Mauger-Kauffmann.